Les champs de bataille ne se visitent pas, ils s’arpentent, se ressentent, au plus profond de notre humanité. Au début on ne voit rien, on ne comprend rien : des talus, des éboulis. Il faut du temps et des explications, non pas pour comprendre, mais pour admettre le déluge de bombes tombées pendant quatre ans sur un fort comme celui de Douaumont, pour admettre les milliers de victimes déchiquetées, ensevelies et pour réaliser l’absurdité de tout cela.
Chatillon Architectes a proposé d’accompagner le choc de la découverte en créant uniquement des supports pour les indispensables explications et des cheminements accessibles à tous. Il fallait faire le minimum.
La découverte des sites des batailles de la Grande Guerre laisse le visiteur en état de sidération. Le paysage durablement meurtri, impose le silence.
Ici pas de monument, pas de tentative de rétablir un ordre architectural. On ne parle ni de paysage, ni d’architecture. On prend les besoins sans détour, un ascenseur pour que chacun puisse accéder au site, une rampe. La réponse est brutale, le choix de l’acier corten, dont la rouille exprime une forme d’intemporalité, supporte des thèmes et des explications pour inciter les visiteurs et particulièrement les jeunes générations à emporter une partie de cette histoire. On laisse le reste en l’état dans la pureté de son horreur.
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