Au départ il y a une belle maison des années 20 du XXe siècle à Luxembourg, ayant jusque-là gardé la répartition classique de ses pièces, volontairement assombries par des papiers peints et de lourds rideaux foncés. Les moulures au plafond sont très élaborées au rez-de-chaussée et au premier étage du côté 'rue' de la maison.  La volonté du maître d'ouvrage était d'avoir un nouveau contexte quotidien.  Sur quelle réalité avions-nous le droit d’agir dans la maison?  D'abord il fallait définir les 'intouchables' comme la façade sur rue, les murs porteurs et aussi la mémoire des murs non porteurs aux plafonds, car nous allions enlever des murs non porteurs. Leurs retombées sont mises en valeur par une lumière indirecte.  Il fallait réfléchir à la lumière naturelle et artificielle, à la matérialité et aux couleurs, aux scénographies des humeurs du jour. Quel plaisir de faire ressurgir le beau chêne de l'escalier, parfaitement préservé par des années de vie sous tapis. Quel plaisir aussi de le marier à un parquet en noyer, légèrement ondulé au premier étage, où l'on va marcher pieds nus, en touchant des plaques de bronze pour ouvrir les portes habillées de miroirs couleur bronze.  La grande hauteur des volumes et le fait de garder les proportions des plafonds au premier étage, tout en enlevant les cloisons, nous ont permis de 'glisser' des meubles en noyer d'une hauteur de 2m50, contenant armoires, dressing, sauna, WC, en redessinant dans un mouvement fluide les pièces à des proportions adaptées aux besoins actuels des maîtres d'ouvrages. Des vitres verticales entre le plafond (vitré) des meubles et les traces des retombées de moulure permettent d'isoler les différentes pièces. Pour supporter ce poids important, et pour améliorer le confort acoustique entre étages, de nouvelles poutres en bois ont été installées entre les anciennes. Ces dernières continuent à porter les moulures, les nouvelles poutres portent le plancher.  La maison fonctionne comme un petit urbanisme, qui en fonction des luminosités de la journée et des saisons, accompagne l'humeur de ses habitants.