La gare de Casablanca, capitale économique du pays, se situe face à l’entrée du port, à l’articulation entre la médina, le quartier art déco et les nouveaux développements du centre-ville. Pour anticiper les prévisions d’augmentation de trafic (25 millions de voyageurs par an à terme) et y faire face, il était devenu impératif de la reconstruire. L’organisation de la gare et des espaces publics adjacents s’inscrivent dans une réflexion globale de recomposition urbaine de la côte et des quartiers situés en lisière du port de Casablanca.
Le pôle d’échanges regroupe sous une vaste toiture les espaces de circulation et d’attente des voyageurs, les services, un ensemble de commerces et un parc de stationnement souterrain sur deux niveaux. Espace majeur de la gare, la halle s’ouvre au Sud-Ouest sur un large parvis et au Nord-Est sur les quais. Les évolutions possibles de la gare ont été pensées lors de sa conception, notamment pour permettre la réalisation d’une connexion avec une éventuelle future station souterraine de RER.
La prédominance de trajets domicile / travail et la simultanéité des pointes de fréquentation dans les deux sens ont été des facteurs déterminants pour définir les dimensions de cette vaste halle et de la liaison avec le quai transversal. La halle intègre tous les services liés au voyage (billetterie, téléaffichage, accueil, attente…), ainsi qu’une salle réservée à la prière à l’écart des flux et du bruit. Des liaisons verticales dans une large trémie centrale mettent en relation le hall avec un niveau bas qui prolonge l’offre de commerces du rez-de-chaussée (restauration rapide, vente de journaux, distributeurs automatiques…), par un espace de «Food-Court» et quelques boutiques. Sous ce niveau se situe le parking souterrain de 380 places.
L’architecture de la halle hypostyle se caractérise par une grande couverture de bois et d’acier à la géométrie rigoureuse, soutenue par de fines colonnes qui se séparent en huit branches dans leur partie supérieure pour encadrer une ouverture dans la toiture qui laisser pénétrer une lumière tamisée. Les façades, vitrées sur toute leur hauteur, assurent la continuité de l’espace public entre intérieur et extérieur, facilitant pour le voyageur la lecture de l’organisation de la gare et des cheminements. Sur la façade Ouest, un «moucharabieh» contemporain crée entre la ville et la gare un filtre qui atténue les rayons du soleil de l’après-midi. Côté Sud, la toiture se transforme en couverture urbaine, qui abrite un vaste espace public extérieur.
Par ses espaces, ses volumes, ses matériaux, sa lumière, sa géométrie, la gare s’inscrit dans la grande tradition des palais et bâtiments publics marocains, tout comme elle rend hommage à la modernité permanente de Casablanca.
Un immeuble d’activité tertiaire directement relié au bâtiment voyageurs complète le projet et amorce un nouveau développement le long du boulevard des Almohades. Destinée à être développée par la construction de deux autres édifices dans une deuxième phase, cette partie de l’opération tertiaire se développe en façade du côté Sud de grandes horizontales qui font écho à l’écriture architecturale des paquebots et au style Art déco casablancais. Les façades exposées au Nord sont largement ouvertes pour profiter des vues offertes sur l’océan.
Le pôle d’échanges s’ouvre sur un large parvis à deux niveaux où la circulation des taxis réorganisés libère de généreux espaces à l’attention des piétons. Le parvis est planté de palmiers qui s’inscrivent dans la continuité paysagère du boulevard Houphouët Boigny reliant la gare et le port à la place des Nations Unies, et plus largement dans la tradition des espaces publics de la ville.
Celui-ci se développe sous le parvis et sous le bâtiment voyageurs, ce qui permet des liaisons verticales directes entre le stationnement et l’accès aux trains. Il est limité à deux niveaux afin d’en faciliter l’exploitation et la gestion notamment en terme de sûreté. Ses rampes d’accès et de sortie encadrent les emplacements de surface destinés aux grands et petits taxis sur le boulevard Houphouët Boigny.
Le travail sur la matière et la lumière s’inscrit dans la tradition de Casablancaise de modernité architecturale tout en se référant aux grands principes de l’architecture classique marocaine (espace géométrisé, mise en scène de la lumière, matériaux simples et nobles, utilisation de compétences techniques issues de la tradition). La gare comme le parvis sont pourvus d’un même revêtement en pierre de Benslimane (80 km au Nord de Casablanca) qui contribue à agrandir et unifier l’espace piéton au-delà des parois du hall. Les piles supportant la couverture sont constituées de béton clair puis se prolonge par un fut en acier et par une pièce moulée en fonte d’aluminium qui soutient les huit branches du « chapiteau ». La sous-face de toiture est en bois. Les façades sont en vitrage clair transparent, montés sur des menuiseries métalliques en acier. Le moucharabieh est en fibre de béton. Les kiosques abritant services et commerces sont conçus comme des objets facilement modifiables avec une structure métallique et des panneaux vitrés car leur durée de vie n’est pas la même que celle du bâtiment. Ils doivent pouvoir être recomposés en fonction de l’évolution des modes de vie, des relations de l’ONCF avec sa clientèle et de l’émergence potentielle de nouveaux programmes. Les principaux cheminements de voyageurs sont équipés de portes automatiques permettant de fluidifier les circulations tout en limitant les déplacements d’air. Des ascenseurs équipent toutes les liaisons verticales, rendant l’ensemble du pôle accessible aussi bien aux personnes à mobilité réduite qu’aux voyageurs encombrés de valises ou accompagnés d’enfants en poussette.
{{item.text_origin}}