Le projet de filière courte
Mettre en lien la filière de production de légumes bio avec la restauration collective:
c’est l’objectif mené dans le cadre d’une Plateforme Régionale d’Innovation menée par le Conseil Régional des Pays de la Loire.
A la convergence de la production et point central de la distribution vers les restaurants institutionnels, l’atelier de transformation s’inscrit ainsi dans l’échelle territoriale d’un projet visant à développer une filière courte.
Il figure donc une unité de lieu, une synecdoque architecturale, partie par laquelle on peut désigner le tout.
Reproductibilité et contextualité
La notion de filière courte induit une échelle territoriale mesurée et par là la répétition de l’équipement qui constitue ici un prototype, un atelier de référence pour les prochains projets.
Nous avons donc pensé l’atelier comme un process abrité afin de combiner reproductibilité et contextualité.
S’il constitue une base à faire évoluer, on peut considérer que le process est permanent et reproductible.
La couverture et les façades constituent un abri pour les éléments de process. Cette enveloppe entre en résonance avec le site, ici le lycée Jules Rieffel, à Saint-Herblain.
Ce dernier est situé dans une vaste frange de territoire située entre deux axes routiers structurants de l’Ouest de l’agglomération. Un morceau de campagne que l’on gagne en passant entre deux de ces commerces qui constituent le paysage générique des premières couronnes françaises.
Un lycée / un jardin
Le lycée présente une architecture singulière, une espèce d’Oxford passé à la moulinette de l’architecture française des années 80. Difficile à suivre donc, mais imposant somme toute un positionnement car sacrément expressive.
Nous sommes allés chercher du côté du paysage pour inscrire ce projet dans ce contexte champêtre.
Le lycée accueille en effet au nord, à l’opposé du site dévolu à l’atelier, un Jardin en Mouvement, initié par Gilles Clément et reformulé par les étudiants en paysage chaque année.
Nous avons donc proposé d’associer la figure de la treille, objet géométrique comme l’est l’Architecture, support de végétal, au saule, tressé comme le panier dans lequel on récolte les légumes fraîchement coupés, évoquant les entrelacs et accumulations de tailles qui animent le Jardin en Mouvement.
Process et abris
Le bâtiment est composé de 2 volumes constitués d’éléments modulaires (panneaux frigorifiques et algecos) abrités par une ample couverture.
Le premier abrite la zone process et une bande de locaux techniques donnant sur la cour de service.
Le second comprend les locaux d’accompagnement.
L’espace situé entre ces 2 volumes constitue le couloir pédagogique. Il permet, par de larges baies vitrées, de voir le déroulement du process sans pénétrer dans l’atelier et être soumis aux règles d’hygiène auxquelles ce dernier est soumis.
Le process se déroule selon une logique de marche en avant: réception des légumes, stockage, nettoyage, transformation (découpe, râpage...) conditionnement, stockage puis alotissement pour le départ des commandes.
La notion de circuit court appliquée au projet
Nous avons décidé de mettre en abyme la notion de circuit court au projet:
- nous avons utilisé des bois locaux (douglas purgé d’aubier, saule-osier).
- les calories dégagées pour réfrigérer la zone process sont utilisées pour le chauffage de l’eau chaude sanitaire.
- une aire de lagunage était inscrite au programme pour traiter les eaux de process. En l’absence de références en termes de polluants à traiter, nous avons proposé un circuit fermé passant par une pompe à UV . Un by-pass permet de faire passer les eaux par les bassins de lagunage. Des campagnes de relevés des polluants en entrée et sorties de bassin permettront de constituer un référentiel, révélant par-là la dimension de projet-pilote.
- l’eau de process est donc traitée par UV pour repartir en circuit fermé sur la première phase de process qui consomme 85% de l’eau utilisée par l’atelier, ou pour être stockée et utilisée pour l’arrosage des cultures maraîchères qui jouxtent le site.
La chair des légumes étant à vif lors de la seconde partie du process, il est impératif d’utiliser de l’eau neuve pour conserver le label bio.
Une insertion délicate
Nous avons disposé l’atelier de manière à préserver les qualités paysagères du site. L’accès véhicules lourds est situé au nord d’un alignement d’arbres qui, de fait, cadre, avec l’internat existant, la vue vers l’accès piéton à la légumerie.
Le biais de l’implantation de l’atelier permet de minimiser l’impact visuel de la cour de service, privilégiant la vue sur les surfaces enherbées à la platitude d’une surface d’enrobé.
La perspective vers l’entrée est soulignée par la disposition d’un alignement de luminaires et d’un jeu de plis formant appel vers l’entrée dans la façade.
Matière
Le projet fait la part belle à la matière et en premier lieu au bois.
L’épicéa, le douglas, l’osier, mais également les panneaux de contreplaqué utilisés pour l’agencement intérieur forment un ensemble coordonné, animé et chaleureux.
La treille en losanges de douglas et l’osier tressé vibrent à des échelles de perception variées, maintenant l’éveil de la personne qui chemine vers l’atelier.
La structure est visible et le bardage métallique reste en second plan afin de laisser poteaux et poutres scander l’espace du couloir pédagogique.
Le métal accompagne le bois avec non seulement un bardage ondulé mat utilisé tant pour les façades intérieures et sur cour de livraison que pour la couverture.
Un travail soigné de serrurerie dessine une alternance de plein et vides au droit de la bande technique.
{{item.text_origin}}